vendredi 14 mars 2014

Le marché aux fruits et légumes

Bonjour à vous chers lecteurs ! Après nous être remis de cette folle période du Carnaval (quel bonheur que de pouvoir se promener dans les rues sans plus entendre l'air de musique qui résonnait en écho dans nos têtes!), nous allons vous parler d'un des très beaux endroits de Cajamarca : le marché.


Ce qu'il y a de bien, avec le marché, c'est qu'il est tout près de chez nous, on a juste à descendre la rue jusqu'au bout et en une dizaine de minutes, nous y sommes. L'endroit est très vaste et on aime bien se laisser porter au coeur de celui-ci pour y apprécier les couleurs, saveurs et milliers de produits frais qu'on étale sous nos yeux. La première chose qui impressionne est en effet la quantité impressionante de fruits, légumes et féculents qui sont vendus là. On se retrouve face à une montagne de bananes empilées les unes sur les autres, à droite des cageots de mangues qui menacent de s'écrouler, à gauche les stands de pommes de terre à même le sol, ... On arrive à peine à y croire.



Les vendeurs et vendeuses s'étalent le long des rues, les uns en face des autres, vendant tous plus ou moins la même chose; souvent leur stand a été placé directement devant leur maison, et ils sont là, assis sur des tabourets, en attendant leurs clients. D'autres en revanche se promènent le long de la rue, leur marchandise posée directement sur de grosses brouettes, et vous proposent en passant des "platanos" (sortes de bananes à la chair plus dure) et autres bonnes choses. Il y a même ceux qui portent tout sur eux : sacs, stylos, colle, ruban adhésif, tourne-vis, et vous regardent droit dans les yeux en vous vantant les qualités de leurs produits (ca c'est de la vente â la sauvette!)


Pour vous donner une petite idée de ce qu'on peut trouver dans le marché, voici une liste non-exhaustive des fruits : mangues (c'est la fin de saison), pommes, ananas, oranges, raisin, maracujas (fruits de la passion, excellent en jus le matin), tomates, bananes, platanos, noix de coco, grenades, prunes, papayes et puis plein d'autres fruits exotiques non identifiés qu'on se régale de découvrir. Il y a bien sûr tous les légumes classiques avec les fameux piments qui servent à faire la sauce "aji" (ca pique!), puis plus étonnant on vend énormément de tuperwares, boîtes en plastiques, assiettes, couverts, seaux et autres accessoires de ménage qui font un peu tâche au milieu de ce paradis alimentaire. Ca détruit un peu le mythe, mais nous sommes en plein dans l'aire du plastique, et en pleine ville (si ce n'est "capitale" de la région), on peut s'attendre à trouver de tout.

Stand de mangues et papayes.
Devinette : savez-vous avec quoi l'on ramasse les papayes ?
Avec une foufourche !
Il y a enfin le commerce de la viande sur le marché qui y est assez répugnant tel qu'il se présente. On y vend de tout : poulet, boeuf, vache, poisson, même du cochon d'inde (plat dont parait-il les péruviens raffolent), et le tout est exposé assez vulgairement sur les stands. Pour la petite anecdote sur les macuys (cochons d'indes), on avait vu, lorsque nous étions au défilé du carnaval, un char avec des gens déguisés en cochons d'inde en train de danser dessus. On a trouvé ça mignon jusqu'à ce qu'on remarque que des deux côtés du char, de vrais cochons d'inde morts étaient suspendus à des cordes à linge... Vive le folklore ! Sur le marché donc, la viande est un peu répugnante, d'autant plus que les couvre-nourriture sont rares et on voit assez souvent des mouches voler et se poser sur des morceaux de chair... ca ne donne pas très envie. Un jour avec Laura on cherchait du Quinoa pour un repas qu'on allait cuisiner le soir à Incawasi, et on s'est retrouvés en plein milieu du marché aux poissons. L'odeur était tellement infecte que, sans se concerter, on s'est mis à courrir pour s'échapper de là. On a retenu notre respiration tout au long de la course !

Pommes de type "israel" (qui sont pourtant bien péruviennes)
Mais le marché est aussi plein de surprises, et de belles rencontres. Nous avons fait la connaissance de Emerita, la "maracuja lady" comme nous l'appelons, car c'est toujours chez elle que nous achetons nos fruits de la passion, et elle est toujours ravie de discuter avec nous (dans la limite de ce qu'on peut comprendre) en nous offrant quelque chose à boire ou à grignoter... La sympathie péruvienne. Une autre chose qui nous plait beaucoup, ce sont les prix (eh oui). Nous nous attendions à ce que tout soit moins cher ici, et c'est vrai en partie. En fait, les prix sont les mêmes, mais dans une monnaie différente : le Nuevo Sole (1 Euro équivalent à environ 4 soles), ce qui signifie pour les matheux que tout est 4 fois moins cher que chez nous. Donc quand on va au marché on en a en général pour environ 10 à 15 soles pour un panier de fruits et légumes bien rempli (3.50 euros). Ca fait plaisir ! Toujours est-il que ces prix sont relatifs au niveau de vie ici, un péruvien gagnant en moyenne 400 soles par mois pour nourrir et loger toute sa famille. Pour ce qui est de la variation des prix, on nous a dit qu'ils changent en fonction de l'abondance des produits, et comme la saison des pluies touche à sa fin, le prix des fruits exotiques ira certainement en s'augmentant.

Voilà pour ce bref aperçu de ce qu'est le marché de Cajamarca, encore une fois les photos parleront sûrement plus que nous, on espère que vous appréciez autant que nous leurs saveurs (même si vous ne pouvez pas goûter le jus de maracuja !)

A manger pour 2 repas, 3 euros ! Les agents secrets du marché ont encore frappé

dimanche 9 mars 2014

"Loco por mis carnavales"

Voilà presque un mois que nous sommes installés dans les locaux d'Incawasi à Cajamarca, et on a plein de choses à vous dire. L'ambiance dans l'association bat son plein et les enfants sont joyeux. Ca fait vraiment plaisir à voir, et on se réjouit d'avoir encore un mois et demi à passer ici, pour continuer d'échanger avec eux et les autres volontaires. Mais nous reviendrons sur notre travail à Incawasi dans un prochain article, ce que j'ai envie de vous raconter aujourd'hui c'est... le Carnaval !

Les costumes traditionnels du Carnaval

Cela faisait déjà quelques temps qu'il avait commencé, on s'en était rendus compte assez vite d'ailleurs, lorsqu'on nous avait lancé la première bombe à eau dans la rue, et cela n'a fait que s'amplifier ces dernières semaines. Le carnaval dure en principe du 25 février au 5 mars, mais en réalité les péruviens se préparent bien avant, et on entendait pour la première fois résonner l'air musical de la fête (qu'on continuera d'entendre tous les jours pendant longtemps) dès nos premiers jours ici.



Pour décrire cette fête en un seul mot, il faudrait inventer une nouvelle notion de "folie". C'est la fête en continu : durant le jour on entend la musique du carnaval à tous les coins de rue, des ballons d'eau volent au dessus de nos têtes et on essaye au maximum d'éviter les jets d'eau des jeunes "pistoleros" qui tirent à tout va. Tout le monde joue le jeu, si on se fait toucher, on rigole et on accélère le pas pour éviter les autres munitions qui volent dans les airs. Les moments les plus fous restant ceux où les gens se rassemblent sur la "Plaza de Armas", la place centrale de Cajamarca. On y a été plusieurs fois avec les enfants de Incawasi et les autres volontaires, et on peut toujours être sûrs d'être tranformés en éponges humaines après seulement quelques minutes. D'autant plus que nous sommes des "gringos" ! Pour la petite histoire, on nous appelle "gringo" ou "gringa" parce que nous sommes blancs et que nous sommes des touristes. L'origine du mot viendrait de la déformation sonore du mot anglais green (« vert ») et du verbe anglais go (« aller »). Le vert renvoyant à la couleur des vêtements militaires. La phrase green, go! étant alors utilisé à l’encontre des militaires américains. Fin de la petite minute culturelle.



Être gringos, donc, signifie être une cible prioritaire des groupes de jeunes qui transportent des sacs plastiques remplis de ballons d'eau. Et c'est parfois peu agréable (d'autant plus que certains d'entre eux s'approchent de très près pour les lancer, et ils y mettent une telle force qu'on a l'impression d'être fouettés comme de la crême). Moralité : il faut bien faire attention et surveiller ses arrières. Le week end passé, donc, nous étions en plein dans la fête du carnaval. Nous sommes allés voir le défilé qui avait lieu lundi un peu en périphérie du centre, et nous avons été surpris de voir à quel point les habitants se bousculaient pour avoir une place le long de la rue. Il y avait même des estrades construites avec des rondins de bois pour que les gens s'y assoient (en moyennant la modique somme de 25 soles, ou 7 euros environ). En ce qui nous concerne, on s'est contentés de se faire une place sur le trottoir directement, bien que la dame qui vendait ses assiettes de pomme de terre et fruits de mer à côté nous ait demandé 5 soles chacun pour s'y asseoir (non on n'a pas payé, enfin, faudrait quand pas nous prendre pour des jambons !). Le défilé était très beau bien que un peu long, car chaque quartier et ville de la zone de Cajamarca ont parcouru les rues les uns après les autres, arborant plus ou moins les mêmes déguisements, toujours sur le même air de musique. En tout cas, la bonne humeur était au rendez-vous et les gens s'amusaient beaucoup entre les applaudissements et les explosions de ballons d'eau.

Musiciens endiablés

Comme je le disais, le carnaval a lieu de jour, mais aussi et surtout la nuit, moment des folies les plus libératrices et des délires regroupés. La première fois que nous sommes sortis durant le week end avec Laura, on s'était rendus sur la Plaza de Armas et on y avait recu un apercu de la fête à la péruvienne : des dizaines de petits groupes, jeunes hommes et jeunes femmes réunis en cercle s'agitant et sautant sur les rythmes endiablés joués par certains d'entres eux, qui à la trompette, qui au tambourin, qui au saxophone, chantant les éternelles chansons du carnaval. Les péruviens boivent, et en quantité. Les gobelets en plastique circulent autour de ces cercles, on les remplit avec une bouteille, on boit puis on passe à son voisin ou sa voisine. Tout le monde partage ce qu'il boit, l'ambiance est conviviale (à part certaines fois quand certains ne savent pas se contrôler et débordent vite d'émotion, mais ils ne sont pas si nombreux). Le maître mot de la fête est la danse, tout le monde bouge en rythme sur les percussions des tambours, on échange des regards et on partage quelques pas de salsa ensemble, on rit beaucoup. Les musiciens improvisés se déplacent alors dans les rues dans des espèces de fanfares ambulantes, d'un point à l'autre de la ville, et peu importe s'il est 5h du matin, on ne s'arrête pas de jouer ! Les stands de nourriture sont aussi au rendez-vous: entre les groupes de jeunes et moins jeunes qui se bousculent dans la rue, on trouve des brochettes de poulet, des hamburgers, churros, barbes à papa et autres pommes d'amour, les odeurs s'envolent et virevoltent autour de nos sens, on se laisse d'ailleurs souvent tenter (surtout moi). Des lampions multicolores se balancent au dessus des gens et viennent compléter la vision folklorique de cette fête en continu. C'est le carnaval.


El dia el màs loco

Le jour le plus fou du week end aura cependant été ce samedi : dès le matin on sort dans la rue pour se lancer non plus des ballons d'eau à la figure mais... de la peinture ! C'est la raison pour laquelle on considère que le carnaval de Cajamarca est le plus fou de tout le pays, les rues sont innondées de couleurs, les voitures, taxis, tuks tuks et même les voitures de police ne sont plus que d'énormes tâches colorées qui se déplacent dans les rues. On s'est bien amusés ce jour-ci, acceptant notre sort certain de "tableaux humains", nous avons lancé nos ballons d'eau colorée et recu en retour les jets des sauts de peinture envoyés depuis les balcons. Vers midi, le centre ville n'était plus qu'un joyeux chaos multicolore. Les saxophones et tambours étaient au rendez-vous, eux aussi recouverts d'une couleur qui n'était pas la leur et la foule sautait et chantait encore et toujours sur l'air du carnaval. Quand la pluie s'est mise à tomber, personne n'a bougé, au contraire on a continué à danser de plus belle en modifiant le refrain de la chanson en : "Lluvia, lluvia, lluvia por mis carnavales" (de la pluie, de la pluie, de la pluie pour mon carnaval). Après un petit coup de froid, nous sommes retournés à Incawasi pour prendre une bonne douche chaude et nous reposer pour la suite de la folie carnavalesque.


En somme, on a été bien contents d'arriver à Cajamarca pile pour la période du carnaval, et on en garde de très bons souvenirs partagés tant avec les autres volontaires de l'association qu'avec les gens rencontrés ici, maintenant on va se reposer un peu pour récupérer de ces quelques jours intenses. On vous envoie des couleurs dans nos mots, et on espère que vous continuez à nous lire avec passion !





lundi 3 mars 2014

Le mode de vie à Incawasi

Cet article rend compte de certains aspects du mode de vie d'un volontaire à Incawasi, en particulier sur le plan sanitaire. Pour le récit de ce que l'on fait avec les enfants, il faudra attendre un petit peu.

Nous procéderons à la description par étages, allant de bas en haut. Encore une fois, toutes les pièces ne sauraient être décrites, il s'agit de s'intéresser principalement aux différences des modes de vie.

Au rez-de-chaussé, la cuisine est certainement la pièce où l'on passe le plus de temps. Cette pièce balance entre une cuisine de grand effectif et la cuisine que chacun a chez soi. Les différences que l'on note avec une cuisine française sont l'absence d'eau chaude au robinet et le fait que l'on boive de l'eau en bouteille puisque l'eau du robinet n'est guère potable. L'eau de Cajamarca n'est cependant pas si mauvaise, puisqu'on peut manger des fruits et de la salade lavés avec cette eau.

Illustration des toits de Cajamarca
 Quand on monte d'un étage, on arrive au chambres. Là-dessus, rien de spécial à préciser. En revanche, cette partie des locaux donne un bon exemple de la structure des toits au Pérou : ils ne sont pas tous, ni totalement constitués de briques ; bien souvent, des parties de toits sont en taule et laissent donc passer la lumière et certainement le froid. Aussi, et nous évoquerons pour cela seulement le cas des locaux d'Incawasi, les chambres sont délimitées par des façades en bois qui ne montent pas jusqu'au plafond, comme vous pouvez le voir sur cette photo.


La salle de bain où les volontaires prennent leur douche se situe au troisème étage. Nous avons de l'eau chaude ! (on est très content). La différence principale dans cette pièce tient au fait que l'on ne jette pas le papier dans les toilettes, mais dans la poubelle à côté. A propos de poubelles, le tri sélectif est assez limité : les cartons et papiers vont dans la poubelle "normale", on recycle en revanche le verre et certains objets en plastiques (le recyclage des bouteilles en plastiques dépend par exemple de leur volume).

Enfin, le dernier étage intéressant pour notre article (le tout dernier étage sert d'emplacement au ballon d'eau chaude), le "toit" : c'est là qu'on lave notre linge, à la main. On dispose donc de bassines et de deux robinets, ainsi que de cordes suspendues un peu partout pour faire sécher nos affaires (séchage très rapide soit dit en passant). Pour la petite anecdote, la toute première fois qu'on a lavé notre linge, j'allais fièrement étendre mon premier t-shirt tout essoré quand Joris m'a enseigné qu'il ne faut pas rincer une fois, mais 4 fois chaque vêtement pour qu'on puisse le considérer comme propre ! Enfin, si on a vraiment trop d'affaires d'un coup on peut toujours aller à la laverie.


Pour finir, structure d'une habitation normale au Pérou : toit non fermé et espace ouvert dans la maison. La toute première fois qu'on avait vu ça, c'était dans l'hôtel à Lima, et on se demandait ce qu'il se passait quand il pleut. A question simple réponse simple : il pleut dedans !
  




A bientôt pour découvrir l'ambiance du carnaval, les odeurs du marché ou encore l'action d'Incawasi !