lundi 5 mai 2014

Les rues de Cajamarca

Nous voici partis de Cajamarca, à présent à la rencontre des paysages de la côte péruvienne, de la Cordillère Blanche et la Cordillère Centrale. Mais avant de vous en dire plus sur nos nouvelles découvertes, un dernier article sur cette ville tranquille et agitée à la fois qu'est Cajamarca, et qui nous manque déjà beaucoup.

On a pu observer beaucoup d'aspects qui diffèrent de la conception qu'on se fait d'une ville en Europe, et une des principales différences se trouve dans la répartition des commerces. Dans cette ville (comme dans d'autres au Pérou), la répartition géographique des magasins fonctionne par rues, c'est-à-dire que les boutiques du même genre se concentrent dans la même rue, ainsi il y a la rue des opticiens, la rue des technologies numériques, la rue des avocats et notaires, etc. Ca nous amusait bien avec Laura de se déplacer dans ces rues et de pouvoir les identifer selon leur nature, facile pour donner des directions aussi ! Souvent, les commerces sont développés dans des rues proches d'un bâtiment ou institution en relation avec les produits vendus : la rue des cercueils et des fleurs était donc parallèle au cimetière, celle des fournitures scolaires et photocopies le long de l'Université, etc. On s'est quand même dit que tout cela pose un problème de concurrence, mais après tout l'aspect pratique de savoir où aller lorsqu'on a besoin de quelque chose en particulier fait bien plaisir.

La rue des opticiens

Le long des rues, et surtout une fois la nuit tombée, les vendeurs de bric-à-brac cèdent la place aux stands de hamburgers à 2 soles et aux chiens errants qui rodent autour des restes de poulet et de saucisses froids. Il y a beaucoup de chiens sans maître à Cajamarca, et on les entend pratiquement tous les soirs grogner et abboyer les uns envers les autres. C'est assez étonnant car rien ne semble être fait pour s'en occuper, et la communauté cannine continue de errer librement dans les rues, où souvent reigne la loi du plus fort... Beaucoup d'entre eux sont en très mauvais point, et ça nous fait mal au coeur de les voir boiter et se mordre jusqu'au sang parfois, livrés à leur instinct sauvage. Le contraste est d'autant plus étonnant lorsque l'on voit les rares chiens domestiques vêtus de petits pullovers colorés à l'image de leurs maîtres ! Toujours est-il que les services de SPA ont l'air d'être assez rares ici, alors les chiens continuent de courrir en paires complices ou petits groupes organisés à travers la nuit, éclairés par l'éclat de quelques étoiles et des réverbères.


Le soir est aussi le moment où passent les camions-poubelle au son d'une cloche que l'un des éboueurs agite pour prévenir de leur arrivée. Nous vous avions déjà parlé de l'absence de contenaires dans les rues, dont l'alternative sont ces sortes de gouttières creusées le long des rues où les gens déposent leurs sacs d'ordures à la fin de la journée pour qu'ils soient ramassés par les éboueurs. Le problème est que lorsqu'il pleut, toutes ces ordures sont emportées par l'eau qui glisse jusqu'aux rivières. Ce qui est étonnant est que l'on a vu beaucoup de murs peints avec des slogans rappelant aux habitants de ne pas jeter leurs déchets dans la rivière, pour "garder Cajamarca propre", mais le système de gouttières achemine de la même façon les ordures jusqu'aux cours d'eau... La question de l'environnement est souvent controversée dans les pays en développement, car bien qu'à certains endroits (touristiques, pour la plupart) on trouve des poubelles publiques et parfois même de tri, quasiment rien n'est fait au niveau du gouvernement pour prévenir la pollution et informer sur ses conséquences désastreuses pour la Pachamama (Terre Mère)

La rue de Tarapacá innondée par la pluie

Le développement industriel rapide d'un pays comme le Pérou ne laisse pas souvent place aux logiques essentielles de la protection de l'environnement, car il cherche à rattraper le "retard" qu'il a accumulé du fait qu'il soit considéré comme un pays jeune. La question avait été posée lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 à propos de l'industrialisation de la Chine, qui avait mis en évidence le fait que nos pays développés avaient connu une industrialisation extrêmement mauvaise pour l'environnement (usines chimiques, charbon, etc), et donc pourquoi les nouveaux pays n'auraient-ils pas le droit de faire de même ? Cet argument controversé nous rappelle que la question de la protection de l'environnement découle d'une pensée occidentale de pays "riches", qui ont notamment les moyens pour développer des infratructures pour le traitement des eaux et des déchets. Ainsi doit-on empêcher le développement industriel au profit du développement durable, ou est-il d'abord nécessaire de laisser ces pays rattraper leur retard économique au détriment de l'environnement ?


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