lundi 12 mai 2014

Notre mode de vie au Pérou


Voilà maintenant trois mois que nous sommes au Pérou, et on espère que nos articles sur ce qu'on fait de manière ponctuelle vous font voyager un peu avec nous, vous aident à vous figurer le mode de vie et la culture d'un autre pays. Toutefois, il y a des éléments qui font maintenant partie de notre quotidien, de notre mode de vie ici, qui nous paraissent normaux et dont il nous semble essentiel de faire un récapitulatif dans le cadre de notre projet. Il s'agit pour nous ici de prendre du recul et d'observer notre propre changement de regard sur les habitudes qu'on a prises.

Parler espagnol : c'est quelque chose qui semble évident mais dont nous n'avons jamais parlé. En Amérique du Sud, dans les pays anciennement colonisés par l'Espagne (c'est-à-dire sauf au Brésil), on parle espagnol, d'autant plus que très peu de gens savent parler anglais ici, alors on s'adapte et on apprend. De même, le fait que la ville soit organisée en blocs selon un plan orthogonal autour de la Plaza de Armas, ou que l'on se balade au milieu de maisons coloniales, avec des petits balcons, ou encore que l'on aperçoive partout des églises, ou des "Dios es mi guia" (Dieu est mon guide) et des "Jesus te ama" (Jésus t'aime), notamment sur les parbrises des taxis et des bus, tous ces éléments sont des conséquences de la conquête espagnole.

Balcon colonial et couleurs de Trujillo

La nourriture : on mange du riz et des pommes de terre tous les jours, et pour Joris, du poulet ! Le poulet est la viande nationale, il y en a partout : le jambon,les patisseries fourrées à la viande, dans les restaurants, sur les marchés... Il y en a tellement que c'est à peine considéré comme une viande ; quand on mange au restaurant et que je préviens que je suis végétarienne, je dois préciser "no carne, no pescado y no pollo" (pas de viande, pas de poisson et pas de poulet). Il faut aussi s'attendre à voir des cochons dinde sur les marchés, en montagne des cochons entiers cuisant dans les rues, et la possibilité de manger du steak d'Alpaca (espèce de lama). En ce qui concerne les féculents, ça sera riz, pommes de terre, ou les deux ! Les différences culinaires entre le Pérou et la France tiennent en partie au fait qu'ici, les produits consommés viennent directement de la terre et ne subissent que très peu de transformation en cuisine, ainsi, riz sans sauce et patates natures, à l'exeption bien sur de l'aji (sauce piquante).

Papas fritas et pollo pour le petit déjeuner, Ayacucho

Les achats dans la rue : ça nous parait être une évidence maintenant, quand on a besoin de quelque chose, en particulier pour manger, on demande le marché, ou on se balade tout simplement dans les rues où l'on est sur de trouver ce que l'on veut. Il semble très facile de créer son commerce ici, tout le monde a l'air de pouvoir acheter et revendre, sur des bicycletes, sur un tapis sur le trottoir, dans sa propre maison. C'est la même chose pour les restaurants, il semble que tout le monde puisse faire à manger pour d'autres personnes dès lors qu'il y a un endroit pour le faire, et si ce n'est pas un endroit fermé, c'est dans la rue ! En fait, c'est 70% de la population péruvienne qui entre dans cette catégorie de métiers que l'on peut appeler économie informelle. On pensait qu'il n'y avait aucune réglementation jusqu'à ce que l'on ai vu des inspecteurs évaluer le travail des dames du jus d'orange à Cajamarca, du coup on ne sait pas très bien comment ça marche, mais ce qui est sûr, c'est que les supermarchés, on a oublié ! Tout au plus rentrons-nous dans une pharmacie lorsque l'on veut du savon. En effet, ici les "farmacias" se succèdent dans les rues, mais rien à voir avec nos magasins à médicaments : on trouve plus de shampoing, crèmes pour le visages, et meme des canettes de red bull (!) que de pilules.


Les moyens de transports : si l'impression de chaos urbain est donnée par le trafic routier, les déplacements ici se font d'une manière que l'on a jamais connue aussi facile. On doit aller à un endroit, on demande notre chemin à une personne dans la rue, elle nous indique où prendre un taxi ou un combi pour y aller, on s'y rend, on fait signe, et le tour est joué ! Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il n'y a pas d'arrêt de bus ni même d'horaires, il suffit de se rendre sur une route où les voitures passent pour prendre un collectivo, payer tout au plus 3 soles (soit moins d'un euro) ou prendre un taxi qui nous emmène à l'autre bout de la ville pour 6 soles (soit 1,5 euros). On a rencontré une exception à Lima, où il fallait attendre à un arrêt, et pour le dire franchement, nous étions bien désorienté.e.s !

L'argent : la monnaie péruvienne est le Nuevo Sole, et un euro vaut environ 3,8 Soles. On pourrait donc se dire qu'en tant qu'Européens, au Pérou, tout est 4 fois moins cher, et c'est vrai, mais Joris et moi nous sommes habitué.e.s à cette monnaie et ne convertissons pas en euro à chaque achat. On se souvient d'une fois à Cajamarca où nous sommes sorti.e.s dans un nouveau cinéma et l'entrée était à 15 soles, comparé à l'ancien où l'on n'avait jamais payé plus de 8 soles. Ca nous a paru extrêment cher ! Alors nous avons fait la conversion en euro et ça ne nous revenait plus qu'à 4 euros l'entrée de cinéma, ce qui en France est extrêmement bon marché !

Le climat des montagnes : nous avons passé assez de temps dans les Andes pour dire que la météo est tout ce qu'il y a de plus incertain. Ainsi, quand on part pour la journée, et que le soleil brille le matin, on emmène dans notre sac crème solaire et chapeau, mais aussi écharpe, bonnet et veste impérméable, car il est fort probable qu'il pleuvra dans la journée !

L'eau : c'est une chose dont on a pris l'habitude, on ne boit pas l'eau du robinet. Pour s'hydrater, soit on achète une bouteille d'eau, soit on remplit nos gourdes et on y ajoute une petite pilule pharmaceutique qui purifie l'eau. En théorie on devrait aussi faire attention à notre alimentation et ne manger que des légumes cuits, mais nous avons pris l'habitude à Cajamarca de pouvoir manger de la salade lavée avec l'eau du robinet, nous ne sommes donc pas très précautionneux. Encore l'autre jour au restaurant nous avons mangé de la salade, et c'est seulement après le repas que l'on s'est dit que peut-être on tomberait malade. Pour l'instant heureusement, pas de problèmes d'estomac en vue (dus à l'eau en tout cas).

Sur les Plazas de Armas, les locaux se font cirer les chaussures avant d'aller au travail

Le peuplement urbain : se balader dans la rue en ville, c'est être au milieu d'un paysage urbain différent de celui qu'on imagine si l'on se base sur les villes françaises. Comme il vous l'a été expliqué dans un précédent article, il y a beaucoup de chiens, non domestiqués, qui se promènent dans la ville à la recherche de nourriture ou courrant après les voitures. Aussi, se promener en ville c'est faire attention aux voitures qui ne ralentiront que rarement pour vous laisser passer, qui klaxonnent à tout va (parfois sans que l'on comprenne bien pourquoi) et dont les alarmes anti-vol résonnent toute la journée durant. Ce que l'on voit également et dont on ne vous a peut-être jamais parlé, ce sont ces femmes péruviennes qui se vêtissent de leur habit traditionnel et portent tout ce dont elles ont besoin sur leur dos, qu'il s'agisse de leurs courses ou de leur bébé. C'est aussi voir des hommes ou des femmes dormir sur les bancs de la Plaza de Armas ou parfois même directement sur les trottoirs, par terre. Enfin, vivre au Pérou c'est devoir s'habituer à voir les gens jeter leurs déchêts plastiques par terre, et par conséquent à marcher au milieu des détrituts quand on se promène en ville.


Where are you from ? : C'est une question que l'on entend tous les jours. Ceux qui peuvent la posent en anglais, et même les enfants quand on se balade dans les rues nous lancent un "Hello !" pour attirer notre attention, sinon on nous questionne en espagnol. Cela nous amène à penser l'image que le touriste renvoie aux Péruviens, en particulier le touriste "blanc". On voit beaucoup d'affiches publicitaires, surtout chez le coiffeur mais aussi pour promouvoir l'eau ou les vêtements des boutiques, des mannequins "blanc.he.s" voire blond.e.s ou sud-américain.e.s à la peau blanchie. Nous pensons que l'on met en vitrine les images auxquelles on souhaite ressembler, ce qui l'amène à penser que la personne "blanche" est adulée ou au moins enviée par les Péruviens, tant au niveau de son physique (il faut voir comme les 'gringas' blondes se font draguées) qu'au niveau de leur situation économique et sociale : le monde occidental est formé de pays riches et développés. Cela amènerait les Péruviens à voir les gringos et gringas comme des mascottes : il est arrivé plusieurs fois que des locaux nous demandent de nous prendre en photo avec eux avec leur appareil. C'est une perception qui découle certainement de la hiérarchisation socio-raciale coloniale : il y avait les Espagnols, les créoles (descendants des Espagnols nés en Amérique ibérique), les métis (fruit de l'union entre un.e Indien.ne et un.e Espagnol.e) puis les indigènes, dans l'ordre décroissant de la valeur sociale dans l'organisation coloniale. Ainsi, le descendants des créoles ont tendance aujourd'hui à tenir des postes fixes à responsabilité (médecine, administration, banque, politique) et les descendants des Indiens font partie de l'économie informelle.

Laura se fait prendre en photo avec des gens qu'elle ne connait pas...

Afin d'enrichir notre perception,n'hésitez pas à nous écrire si vous avez des idées ou des pistes de réfléxions ! humanidad.peru@gmail.com




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