Voilà maintenant trois mois que nous sommes au Pérou, et on espère que nos articles sur
ce qu'on fait de manière ponctuelle vous font
voyager un peu avec nous, vous aident à vous figurer le mode de vie et la culture d'un autre pays. Toutefois,
il y a des éléments qui font maintenant partie de notre quotidien, de notre mode
de vie ici, qui nous paraissent normaux et dont il nous semble essentiel de
faire un récapitulatif dans le cadre
de notre projet. Il s'agit pour nous ici de prendre du recul et d'observer
notre propre changement de regard sur les habitudes qu'on a prises.
Parler espagnol : c'est quelque chose qui
semble évident mais dont nous
n'avons jamais parlé. En Amérique du Sud, dans les pays anciennement
colonisés par l'Espagne (c'est-à-dire sauf au Brésil), on parle espagnol, d'autant plus que très peu de gens savent parler anglais ici, alors
on s'adapte et on apprend. De même, le fait que la ville
soit organisée en blocs selon un plan
orthogonal autour de la Plaza de Armas, ou que l'on se balade au milieu de
maisons coloniales, avec des petits balcons, ou encore que l'on aperçoive partout des églises, ou des "Dios es mi guia" (Dieu est mon guide) et
des "Jesus te ama" (Jésus t'aime), notamment
sur les parbrises des taxis et des bus, tous ces éléments sont des conséquences de la conquête espagnole.
Balcon colonial et couleurs de Trujillo |
La nourriture : on mange du riz et des
pommes de terre tous les jours, et pour Joris, du poulet ! Le poulet est la
viande nationale, il y en a partout : le jambon,les patisseries fourrées à la viande, dans les restaurants, sur les marchés... Il y en a tellement que c'est à peine considéré comme une viande ; quand
on mange au restaurant et que je préviens que je suis végétarienne, je dois préciser "no carne, no
pescado y no pollo" (pas de viande, pas de poisson et pas de poulet). Il
faut aussi s'attendre à voir des cochons dinde
sur les marchés, en montagne des
cochons entiers cuisant dans les rues, et la possibilité de manger du steak d'Alpaca (espèce de lama). En ce qui concerne les féculents, ça sera riz, pommes de
terre, ou les deux ! Les différences culinaires entre
le Pérou et la France tiennent
en partie au fait qu'ici, les produits consommés viennent directement de la terre et ne subissent que très peu de transformation en cuisine, ainsi, riz
sans sauce et patates natures, à l'exeption bien sur de
l'aji (sauce piquante).
Papas fritas et pollo pour le petit déjeuner, Ayacucho |
Les achats dans la rue : ça nous parait être une évidence maintenant, quand
on a besoin de quelque chose, en particulier pour manger, on demande le marché, ou on se balade tout simplement dans les rues
où l'on est sur de trouver
ce que l'on veut. Il semble très facile de créer son commerce ici, tout le monde a l'air de
pouvoir acheter et revendre, sur des bicycletes, sur un tapis sur le trottoir,
dans sa propre maison. C'est la même chose pour les restaurants, il semble que tout le monde puisse
faire à manger pour d'autres
personnes dès lors qu'il y a un
endroit pour le faire, et si ce n'est pas un endroit fermé, c'est dans la rue ! En fait, c'est 70% de la
population péruvienne qui entre dans
cette catégorie de métiers que l'on peut appeler économie informelle. On pensait qu'il n'y avait
aucune réglementation jusqu'à ce que l'on ai vu des inspecteurs évaluer le travail des dames du jus d'orange à Cajamarca, du coup on ne sait pas très bien comment ça marche, mais ce qui est sûr, c'est que les supermarchés, on a oublié ! Tout au plus
rentrons-nous dans une pharmacie lorsque l'on veut du savon. En effet, ici les
"farmacias" se succèdent dans les rues, mais
rien à voir avec nos magasins à médicaments : on trouve plus de shampoing, crèmes pour le visages, et meme des canettes de red bull (!) que de
pilules.
Les moyens de transports : si l'impression
de chaos urbain est donnée par le trafic routier,
les déplacements ici se font d'une
manière que l'on a jamais
connue aussi facile. On doit aller à un endroit, on demande notre chemin à une personne dans la rue, elle nous indique où prendre un taxi ou un combi pour y aller, on
s'y rend, on fait signe, et le tour est joué ! Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il n'y a pas d'arrêt de bus ni même d'horaires, il suffit de se rendre sur une route où les voitures passent pour prendre un collectivo, payer tout au plus 3 soles
(soit moins d'un euro) ou prendre un taxi qui nous emmène à l'autre bout de la ville
pour 6 soles (soit 1,5 euros). On a rencontré une exception à Lima, où il fallait attendre à un arrêt, et pour le dire
franchement, nous étions bien désorienté.e.s !
L'argent : la monnaie péruvienne est le Nuevo Sole, et un euro vaut environ
3,8 Soles. On pourrait donc se dire qu'en tant qu'Européens, au Pérou, tout est 4 fois
moins cher, et c'est vrai, mais Joris et moi nous sommes habitué.e.s à cette monnaie et ne convertissons pas en euro à chaque achat. On se souvient d'une fois à Cajamarca où nous sommes sorti.e.s dans un nouveau cinéma et l'entrée était à 15 soles, comparé à l'ancien où l'on n'avait jamais payé plus de 8 soles. Ca nous a paru extrêment cher ! Alors nous avons fait la conversion
en euro et ça ne nous revenait plus qu'à 4 euros l'entrée de cinéma, ce qui en France est
extrêmement bon marché !
Le climat des montagnes : nous avons passé assez de temps dans les Andes pour dire que la
météo est tout ce qu'il y a de plus incertain. Ainsi, quand on part pour
la journée, et que le soleil
brille le matin, on emmène dans notre sac crème solaire et chapeau, mais aussi écharpe, bonnet et veste impérméable, car il est fort probable qu'il pleuvra dans la journée !
L'eau : c'est une chose dont on a pris
l'habitude, on ne boit pas l'eau du robinet. Pour s'hydrater, soit on achète une bouteille d'eau, soit on remplit nos
gourdes et on y ajoute une petite pilule pharmaceutique qui purifie l'eau. En
théorie on devrait aussi
faire attention à notre alimentation et ne
manger que des légumes cuits, mais nous
avons pris l'habitude à Cajamarca de pouvoir
manger de la salade lavée avec l'eau du robinet,
nous ne sommes donc pas très précautionneux. Encore l'autre jour au restaurant
nous avons mangé de la salade, et c'est
seulement après le repas que l'on s'est
dit que peut-être on tomberait malade.
Pour l'instant heureusement, pas de problèmes d'estomac en vue (dus à l'eau en tout cas).
Sur les Plazas de Armas, les locaux se font cirer les chaussures avant d'aller au travail |
Le peuplement urbain : se balader dans la
rue en ville, c'est être au milieu d'un
paysage urbain différent de celui qu'on
imagine si l'on se base sur les villes françaises. Comme il vous l'a été expliqué dans un précédent article, il y a
beaucoup de chiens, non domestiqués, qui se promènent dans la ville à la recherche de nourriture ou courrant après les voitures. Aussi, se promener en ville
c'est faire attention aux voitures qui ne ralentiront que rarement pour vous
laisser passer, qui klaxonnent à tout va (parfois sans
que l'on comprenne bien pourquoi) et dont les alarmes anti-vol résonnent toute la journée durant. Ce que l'on voit également et dont on ne vous a peut-être jamais parlé, ce sont ces femmes péruviennes qui se vêtissent de leur habit traditionnel et portent tout ce dont elles ont
besoin sur leur dos, qu'il s'agisse de leurs courses ou de leur bébé. C'est aussi voir des hommes ou des femmes dormir sur les bancs de
la Plaza de Armas ou parfois même directement sur les
trottoirs, par terre. Enfin, vivre au Pérou c'est devoir s'habituer à voir les gens jeter leurs déchêts plastiques par terre,
et par conséquent à marcher au milieu des détrituts quand on se promène en ville.
Where are you from ? : C'est une question
que l'on entend tous les jours. Ceux qui peuvent la posent en anglais, et même les enfants quand on se balade dans les rues
nous lancent un "Hello !" pour attirer notre attention, sinon on nous
questionne en espagnol. Cela nous amène à penser l'image que le
touriste renvoie aux Péruviens, en particulier
le touriste "blanc". On voit beaucoup d'affiches publicitaires,
surtout chez le coiffeur mais aussi pour promouvoir l'eau ou les vêtements des boutiques, des mannequins
"blanc.he.s" voire blond.e.s ou sud-américain.e.s à la peau blanchie. Nous
pensons que l'on met en vitrine les images auxquelles on souhaite ressembler,
ce qui l'amène à penser que la personne "blanche" est
adulée ou au moins enviée par les Péruviens, tant au niveau de son physique (il faut voir comme les
'gringas' blondes se font draguées) qu'au niveau de leur
situation économique et sociale : le
monde occidental est formé de pays riches et développés. Cela amènerait les Péruviens à voir les gringos et gringas comme des mascottes : il est arrivé plusieurs fois que des locaux nous demandent
de nous prendre en photo avec eux avec leur appareil. C'est une perception qui
découle certainement de la
hiérarchisation
socio-raciale coloniale : il y avait les Espagnols, les créoles (descendants des Espagnols nés en Amérique ibérique), les métis (fruit de l'union entre un.e Indien.ne et
un.e Espagnol.e) puis les indigènes, dans l'ordre décroissant de la valeur sociale dans
l'organisation coloniale. Ainsi, le descendants des créoles ont tendance aujourd'hui à tenir des postes fixes à responsabilité (médecine, administration, banque, politique) et
les descendants des Indiens font partie de l'économie informelle.
Laura se fait prendre en photo avec des gens qu'elle ne connait pas... |
Afin d'enrichir notre perception,n'hésitez pas à nous écrire si vous avez des idées ou des pistes de réfléxions !
humanidad.peru@gmail.com
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