Vous sera comptée ici une histoire intellectuellement non juteuse mais ce blog est aussi là pour transmettre les aventures illustrant le dépaysement, alors souriez et vivez l'aventure avec nous !
Comme vous le savez, notre projet au Pérou consiste en la mise en comparaison des modes de vie péruviens et français (se référer au tout premier article pour plus d'explications). Cette ambition nécessite que l'on s'adapte à la culture locale, que l'on observe mais aussi que l'on tente de vivre comme les gens d'ici. Par conséquent, nous devons faire confiance aux locaux et les suivre dans leurs expéditions. Tout ceci nous amène à vendredi dernier, jour du camping.
Photo de tous avant de repartir - NB : toutes les photos de cet article ont été prises le lendemain |
Il était prévu que l'on aille tous camper vendredi soir - tous c'est-à-dire avec les volontaires étrangers Lucy, Teresa et Brendan, et nos amis/guides locaux Pedro, Carlos et Luis. Seul problème, au Pérou, on est en plein dans la saison des pluies, ce qui implique une instabilité météorologique assez conséquente : généralement, il pleut environ une heure dans la journée, après le repas du midi, mais il arrive aussi qu'il ne tombe pas une goutte ou que le beau temps et les mini-averses s'alternent. Pas de chance, ce jour-là, et c'était la première fois depuis notre arrivée à Cajamarca, il a plu toute la journée.
Joris et moi préparons donc nos affaires sans grande conviction, puisqu'on s'attendait à l'annulation de la soirée. Nos amis péruviens arrivent, et pour eux aucun problème, il ne pleuvra pas à l'emplacement du camping, et puis de toute façon, on dormira dans une maison abandonnée. Bref, faisons confiance et allons-y !
Première étape : aller à la station de bus et prendre un taxi qui nous emmènera jusqu'au dit emplacement du camping. Nous marchons donc sous la pluie de Cajamarca pendant une demie heure sur des trottoirs où il est difficile de se faire une place chargés de nos affaires de camping. Arrivés à la station, on prend un taxi. Lorsque nous étions allés à Cumbe Mayo, nous étions surpris d'être entrés à six, chauffeur non inclu. Là, peut-être n'avez-vous pas pris le temps de réaliser combien nous étions à aller camper, mais nous étions huit ! Et nous avons pris UN taxi. Du coup, maxi confort 40 minutes durant : deux dans le coffre avec toutes les affaires (sacs à dos, sacs de couchage, tentes, nourriture), quatre à l'arrière, et deux sur le siège avant passager : pas de problème !
Deuxième étape : aller à la "maison abandonnée" (nous expliciterons ces guiellemets plus tard). Nous arrivons donc de nuit quelque part dans les montagnes, et sommes ravis de réaliser que le mythe selon lequel lorsqu'il pleut à Cajamarca il ne pleut pas forcément autour de Cajamarca est complètement faux. On se divise en deux groupes pour descendre les pente assez ardues de cette montagne qu'on ne peut distinguer du fossé qu'à l'aide de la lumière émise par nos lampes de poche. Après une heure passée à laisser s'enfoncer nos chaussures et le bas de nos pantalons dans la boue, à entendre des chiens invisibles nous aboyer dessus, et à contourner des énormes tas de terre côté fossé dans le noir, on arrive enfin !
Troisième étape : allumer un feu. Lorsque l'on arrive, on est content de constater qu'au moins, il existe bel et bien une maison inhabitée, qui ressemble d'ailleurs plus à une sorte de construction religieuse abandonnée, dans laquelle on pourra dormir au sec. Pedro nous fait marcher un peu plus haut pour nous montrer la source d'eau chaude (agua caliente). Ca pourrait paraître paradisiaque, mais en réalité, ce soir là, avec la pluie, on retiendra une odeur de composte laissé au soleil et l'aspect boueux de l'eau (on changera d'avis demain matin !). Bref, après avoir mangé la délicieuse Kartoffelsalad (ou salade de pommes de terre), on se dit qu'il est temps d'allumer un feu (non, la pluie ne s'est pas arrêtée). Là, on se met à fortement douter des compétences de nos acolytes lorsque l'un d'eux commence à tenter les appels lumineux avec sa lampe torche, en soutenant qu'un monsieur nous apportera du bois. Contre toute attente, le monsieur n'est pas venu, nous avons donc relassé nos chaussures boueuses pour aller chercher le bois nous-mêmes. Fort heureusement, la maison se trouvait tout près de l'emplacement du camping ; en revanche, aucun signe de vie. On a constaté que dans ces cas-là, la mode à la péruvienne consiste à frapper à la porte en pleine nuit jusqu'à l'obtention de ce dont on a besoin. Le monsieur du bois est donc sorti pour nous présenter ce qui devait nous aider à allumer un feu : du bois mouillé ! Et oui, surprise, les shorts de son fils ne constituent pas une protection imperméable qui aiderait à garder le bois sec. Lorsqu'il est retourné dans sa maison, on s'est dit qu'il allait rapporté une solution à notre impasse,et c'est ce qu'il a fait : il est revenu nous avec .. une tong ! Pas de problème ! Il est ensuite venu nous aider à allumer le feu avec cette tong et son bois mouillé et finalement, la persévérance a payé et le feu a pris ! Les Péruviens savent donc ce qu'ils font, pour notre plus grand plaisir !
La maison dans laquelle nous avons dormi |
Quatrième étape : se réveiller au milieu d'un paysage paradisiaque. Après avoir bien mangé, dormi par terre, et passons l'étape où le monsieur du bois nous a réveillé pour réclamer l'argent qu'on lui devait pour dormir dans la maison dite "abandonnée" (comprenez maintenant le sens des guillemets), le soleil était au rendez-vous pour accueillir notre réveil. On sort de la maison, et on se rend compte qu'on a dormi au pied d'une montagne imposante et merveilleuse à la fois, au beau milieu d'un paysage qui inspire le calme et la sérénité. Les photos décriront cette étape mieux que moi :
Aussi, n'oublions pas la agua caliente dans laquelle on a pris notre bain du matin : on ne peut pas dire que l'odeur était agréable, mais se baigner dans une eau chaude, sous une cascade, entourés par les montagnes, c'était juste magique ! Passage intellectuel : quand j'ai demandé à Joris pourquoi l'eau était chaude, il m'a regardé dans les yeux et a exprimé avec tout le naturel du monde discours suivant : cette partie de la cordillère des Andes étant située sur ce qu'on appelle la ceinture de feu du Pacifique, les sources d'eau des montagnes se trouvent à côté d'une activité volcanique intense qui réchauffe l'eau qui est caliente à sa sortie.
La source d'eau chaude |
Conclusion : même s'il nous est arrivé pas mal d'imprévus, ce que l'on retient surtout de cette expérience ce sont les rires inombrables que nous a offert la situation, le bon temps qu'on a passé, et notre incapacité à trouver les mots pour décrire le paysage époustoufflant au coeur duquel on a remonté les pentes montagneuses de la Cordillère des Andes le lendemain.
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LA montagne - merci à Lucy pour les photos ! |