dimanche 16 février 2014

A Cumbe Mayo

Dimanche dernier, nous avons décidé avec les deux autres volontaires de l’association Brendan et Lucy, et deux amis péruviens Carlos et Pedro de nous rendre au site naturel de Cumbe Mayo, plateau montagneux parsemé de roches pointues sortant de la terre comme des aiguillies, où a été aménagé un aqueduc il y a plus de 3000 ans afin d’acheminer l’eau de pluie des montagnes jusqu’à la vallée de Cajamarca. Le nom Cumbe Mayo serait d’ailleurs un dérivé de la phrase kumpi mayu en langue Queshua, qui signifierait “canal aquatique bien construit”.

Nous avons pris un taxi pour nous rendre tous les 6 à ce site situé à environ 3300 mètres d’altitude, Lucy et moi nous sommes donc installés dans le coffre de la voiture (non, non, pas de problème). Après une demie heure de trajet où nous avons grimpé sur les parois de la périphérie de Cajamarca, nous sommes arrivés au sommet. Les paysages étaient à couper le souffle : de grandes étendues d’herbe parsemées de ci, de là de troupeaux de moutons et de cochons en liberté, avec à plusieurs endroits ces fameuses aiguillies rocheuses qui semblent surgir de nulle part. Nous avons donc entammé notre aventure à travers un de ces massifs rocheux miniature, que nous avons traversé littéralement par une brèche très étroite dans la pénombre complète (attention aux chocs !) Après une petite escalade de ces rochers, nous continuions le long du sentier qui  mène à l’endroit où a été construit l’aqueduc. Le paysage est vraiment imposant et on se sent tout petits à côté de ces géants de pierre. Avec Laura on s’est imaginé que la nuit ils se réveillent et se lancent dans des combats de choc, ce qui leur a donné ces formes si spéciales (oui, il faut avoir un peu d’imagination…) En vérité, ces formations rocheuses sont issues de l’érosion des roches volcaniques : en effet, les Andes se trouvent sur la “ceinture de feu” du Pacifique, une zone d'intense activité volcanique. Les péruviens leur donnent le nom de Los Frailones : les Moines de pierre.


Après une descente par des marches taillées directement dans la pierre, nous sommes arrivés sur un petit plateau dont le sol était recouvert d’herbe verte et de petites fleurs blanches et jaunes. Au milieu d’entre elles coulait l’eau dans une petite rigole tracée dans la terre, l’endroit est magnifique et le calme qui environne donne bien envie de s’allonger là et se détendre quelque temps. En se déplacant le long du cours d’eau, nous avons remarqué les constructions à proprement parler, qui ont été aménagées pour faire circuler l’eau dans cet environnement aux points d’altitude tous différents : un pont de pierre permet à l’eau de passer au dessus d’une crevasse, un circuit formant des angles droits ralentit le courant lorsque la pente est trop raide, également à certains endroits on voit des sortes de cuves de pierre qui permettraient de stocker l’eau en saison sèche afin de pouvoir irriguer les terrains grâce à un système de barrage. On a du mal à croire que tout cela a été réalisé 1500 ans avant J.-C. ! Plus impressionnant encore, nous avons vu une carte de tout le réseau d’acheminement de l’eau gravée dans une roche qui précise aussi les points de stockage de l’eau : on se demande comment il a été possible de réaliser un tel plan sans les outils dont on dispose de nos jours.

Pont avec petit gardien au chapeau (à droite) pour protéger le site


Sur notre chemin, on a aussi croisé une femme portant les vêtements typiques de la región de Cajamarca qui promenait son bétail, nous supposons que l’endroit est habité mais on a vu très peu de maisons, cela doit sûrement être lié aux contraintes de l’altitude.


Après une bonne pluie qui nous a forcés à courir un peu, nous sommes redescendus (à pieds, cette fois) jusqu’à Cajamarca. Nous avons emprunté sur environ 20km le chemin que les pré-Incas utilisaient pour se rendre jusqu’au site, à travers les paysages sublimes de la vallée, où nous avons pu observer les maisons aux murs faits en torchi (mélange de terre, paille et cailloux), les terrains agricoles labourés par la main de l’homme qui, à l’aide de deux boeufs, tire une espèce de rateau de fer pour retourner la terre (ca change de chez nous !), et surtout les mille et une montagnes et collines qui semblent avoir poussé ici et là, recouvertes de petites maisons colorées et de verdure plus ou moins aride.


Nous sommes arrivés à Incawasi en fin d’après midi avec quelques ampoules aux pieds et une bonne dose de fatigue. Ca e été une superbe journée et on a hâte de visiter d'autres endroits et d'en savoir plus sur la culture péruvienne !


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